Lentement mais sûrement, les pouvoirs publics successifs abandonnent les universités françaises. Sous Sarkozy, cela fut fait en claironnant que les moyens étaient en hausse, au mépris de toute réalité. Sous Hollande, cela se fait dans le silence. Mais la réalité est la même. L’investissement de la nation dans son enseignement supérieur stagne, voire décline, alors même que les campus américains, asiatiques et européens n’ont jamais été aussi prospères.
En France, les étudiants s’entassent dans des amphis surchargés et des cursus au rabais, et certaines universités proches de la faillite se retrouvent à couper le chauffage pour boucler leur budget. Certaines filières subissent depuis des années une hémorragie graduelle de leurs effectifs, preuve de la défiance profonde d’une part croissante de la jeunesse face à l’absence de débouchés. Seule une petite minorité d’étudiants, dans le cadre des filières les plus sélectives des grandes écoles, bénéficie de moyens adéquats. Or cela ne suffit pas. Pour que la France trouve sa place dans l’économie de la connaissance du XXIe siècle, il faut investir de plus en plus massivement dans la formation et le capital humain, et non plus dans une fine élite. Si une telle stagnation devait se poursuivre au long du quinquennat, il s’agirait sans doute du principal échec de la présidence Hollande, totalement à rebours de l’histoire.
Le plus triste est que, comme l’enseignement supérieur est globalement très bon marché en France, il n’y aurait pas besoin de déplacer des masses financières énormes pour faire une grosse différence. Rappelons les principaux ordres de grandeur. En 2007, le budget total alloué aux formations supérieures et à la recherche universitaire était légèrement inférieur à 11 milliards d’euros. En 2013, il est à peine supérieur à 12 milliards d’euros. La progression nominale entre les deux dates permet tout juste de compenser l’inflation.